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Quand l’autisme est une leçon de management

Au cours des entretiens réalisés pendant la semaine de l’Autisme à Rambouillet j’’ai été frappé par les liaisons, les transpositions que je pouvais réaliser entre certaines postures exposées par les conférenciers et les situations que je rencontre ou accompagne en matière de coaching familial ou de formation au management.

Dans tous les deux cas il s’agit bien de renforcer l’autonomie d’une personne, dans une logique de projet et en y intégrant les composantes d’un environnement donné, c’est une leçon de cohésion de groupe : c'est du Management !

Et si nous en parlions ouvertement

La première rencontre avec le Docteur J. Constant a permis de délimiter le sujet et ses problématiques associées. J’y ai intégré, ou ajouté par la suite mes autres prises de notes. L’ensemble est en aucun cas exhaustif, ce n’est que la retranscription de ma compréhension (partielle?) de cette situation à ce jour. Puisse elle vous fournir quelques points de repère

Le Docteur J. Constant nous invite à voyager en pays autiste. L’Autiste est dans son monde. C’est un monde à part : le pays autiste, il est aussi confronté à un pays réel (potentiellement le notre) ! La métaphore utilisée par le Dr dans l’ensemble de son intervention, amène à s’interroger sur l’existence d’un guide pour relier ces deux pays, les deux cultures ? Communication et interculturalité se confrontent

D’après le métaphore du Dr Constant l’autiste est résident d’un Pays différent du notre où il se trouve confronté à des populations variées
- celles qui bénéficient du droit du sol = lui et les autres autistes
- celles qui bénéficient du droit du sang = les parents et la cellule familiale. Ces proches qui sont présents 24 h / 24 !
- les autres, les immigrés = les accompagnants (hors cellule familiale), les enseignants, les spécialistes, les chercheurs … leur présence est à temps partiel

La coopération et la stabilité des relations entre ces populations est essentielle, le centre c’est la cellule familiale. C’est à l’environnement de s’adapter à la perception de l’autiste et surtout à la comprendre. Il n’y a pas de méthode miracle (thérapie est un terme contesté)  

Un état des lieux difficile

Tout comme les problème de harcèlement dans les entreprises identifier le nombre de personnes affectées est contesté et crée la polémique entre les protagonistes. Le consensus s’établit en indiquant que 3 ou 4 garçons sont affectés par le trouble pour une fille.Autre constat, le nombre de cas détectés augmente, partout dans le monde. Il y a également un parallèle entre cette augmentation et le nombre de cas de maladie de Lyme, pourquoi ? Ce nombre de cas détectés est lié à une reconnaissance de l’affection (on ose en parler) et à l’évolution des pratiques d’évaluation ; mais pas que … !

Au cours de ces entretiens d’autres remarques ont été formulées et elles font bien écho à nos problématiques managériales :
- origine et signification du terme autisme : étranger par rapport aux présupposés sociaux, à nos présupposés sociaux
- la différence fait partie de nous, dans un environnement emprunt de trop de normalité
- l’autiste voie le monde en diapositives, pas en film (Temple Grandin ; voir remarque sur la perception des 5 sens un peu plus loin)
- l’autisme est un trouble de la pensée, c’est altération de la perception de l’environnement, une perception différente de la notre, avec peu de référents communs,
- les compétences, les aptitudes d’un autiste peuvent varier d’un environnement à l’autre voir s’annihiler de l’un à l’autre.

On ne connaît pas l’origine du trouble : il n’y a pas de marqueur biologique, pas de marqueur héréditaire même si il y a des groupes à risque. Le symptôme socio-communicatif est le syndrome visible, mais l’invisible ? d’où cela vient il ??

C’est un trouble, pas une maladie. Il apparaît avant 3 ans, pour toute la vie. On en guéri pas, pas de médicament, l’environnement doit s’adapter, accompagner … Plus ce diagnostic est précoce plus il est possible d’éviter les « maladies complémentaires ». Des méthodes d’évaluation existent et relèvent d’un certain consensus

Relation sociale et signes d’alerte

Comme dans toute relation sociale il y a des signes d’alerte possibles, signes visibles,
- problèmes somatiques, trouble sommeil, Problèmes gastriques,
- difficulté de lien social (« sourire social ») : fuite du regard, séparation avec la mère très délicate, difficultés par rapport à un changement d’environnement social ou physique
- autres manifestations : pertes d’acquisitions, changement soudain de comportement, grincements de dents, auto mutilation,

Face à cette perception sensorielle anormale, entendre différente de celle de notre monde est il possible de comprendre comment il perçois son environnement ? Comment il le ressent ? On est souvent confronté à de l’hypo ou hyper sensibilité (filtre des ressentis, des émotions …) ou à une autostimulation physique, une mobilisation corporelle visible (mouvement « automatiques ») ou non (contractions musculaires, blocages)

La pensée (la réflexion, l’intellect …) se crée progressivement par ce que l’on ressent et que l’on perçois dans le cas « normal ». Pour un autiste le développement sensoriel ne suit pas le développement chronologique (impact sur système vestibulaire, proprioceptif ...).

On rencontre aussi des déficits de transmodalité. C’est à dire la capacité à utiliser plusieurs sens (cf VAKOG) conjointement pour affiner la perception d’une situation. L’individu classique est « multiprise » (5 sens branchés, actifs) l’autiste est « monoprise » (1 ou 2 sens branchés seulement en même temps)

Pour progresser dans ce type de relation communautaire il faut comprendre la façon de percevoir de ces personnes. Être capable de voir pour entrer dans leur monde, leur système, pour pouvoir les accompagner. Il n’y a pas de méthode d’accompagnement « miracle ». Il faut prendre un morceau de chaque méthodologie et construire du sur mesure pour chaque individu et si possible assurer une continuité dans ses différents environnements sociaux

Accompagner et construire

Quand on accompagne ces personnes en difficulté on est toujours trop vite avec eux. Il faut anticiper, prévenir, préparer . Y aller par étape et ne pas hésiter à recommencer
a / on part d’où, de quelle évaluation
b / on va où ? Quel but ? C’est à dire l’association objectif + moyens + environnement (= favoriser sans déranger) > principalement pour diminuer les comportements problème … faciliter l’inclusion dans la société. Être parmi les autres ≠ être comme les autres.
c / se conduire en pays autiste être dans leur référentiel , Les autistes comprennent plus par la vue que par le langage ou par l’écoute
d / signaler le chemin, se poser la question comment il va pouvoir agir comment il va démarrer ? L’autiste a besoin de « pré - vu ». C’est à dire de pouvoir visualiser la nouvelle situation, de matérialiser le nouvel environnement avant qu’ils ne se présentent

D’une façon pratique on va séquencer les activités ; restructurer l’environnement en fonction de… en conservant un lien progressif entre l’avant et l’après. Et surtout assurer la cohérence comportementale au niveau de l’équipe, au niveau des populations auxquelles la personne en difficulté est confrontée,

Et si tout cela nous donnait une bonne leçon de management et d’organisation de nos équipes